browly adjavant

Dans la belle salle du rez-de-chaussée du LADC durant le Swing Alliance Acte 2, Browly répond à nos questions avec engagement et implication …

Comment s’est passée ta rencontre avec la danse ?

Browly : J’ai toujours aimé bouger, danser. J’ai commencé les cours à la FAC. Salsa pendant quelques années, puis j’ai enseigné aussi dans une asso’. En 2008 il y avait des stages une fois par an de west… c’était sympa mais c’était des figures qui étaient enseignées, moi les figures ça me prend la tête ! Donc pas plus…

Je bossais, j’avais une autre activité, puis suite à un licenciement, j’ai eu la possibilité de faire plus de stages. J’ai rencontré Mélanie Stocker qui m’a proposée d’enseigner avec elle. J’étais dans une période transitoire et comme j’adore la danse, je me suis dit pourquoi pas !

Cela correspondait aussi à un moment où je faisais moins de salsa car dans le monde où j’étais, il y avait beaucoup de passes, de rivalités salsa cubaine / porto…Alors que le west je pouvais respirer, ne pas toujours enchainer des passes !

De fil en aiguille j’ai continué dans le west depuis 2011. J’ai pris le temps de faire plus de stages et de voir si je pouvais en vivre ou pas. Et puis j’ai pu continuer, je touche du bois ! Ce qui demande beaucoup de travail !

Qu’est-ce qui est le plus dur dans cette activité professionnelle de danseur ?

Browly : Il y a plein de choses. Beaucoup de travail (de façon positive). Ce qui est le plus dur c’est de construire ma danse. Ne pas enseigner comme dans les autres cours. Je n’enseigne pas le wcs, ce qu’il m’intéresse c’est de transmettre la liberté de la danse aux élèves en appliquant éventuellement le wcs. Donner des passes, cela ne m’intéresse pas. Le plus dur est ce travail corporel sur moi, car je n’ai pas grandi avec ça, je n’ai pas été formaté non plus.

Qu’est-ce qui t’a amené à avoir une approche de la danse et de l’enseignement bien différente ?

Browly : C’est très simple. Je faisais une autre activité avant. Je sais ce que c’est de travailler en dehors de la danse, la vraie vie et les gens. Ce qui m’a énervé c’est de voir des gens curieux, qui avaient un bagage monstrueux dans d’autres danses et qui portaient tellement de confiance, de respect aux profs et qui se faisaient convaincre que le wcs est tellement différent et la danse la plus compliquée !!!… Un exemple : pour les salseros, les profs disent les hanches tu supprimes, ça tu supprimes, etc…

De voir des gens qui savaient danser d’autres danses et qui, après des cours de wcs, ne savaient plus mettre un pied devant l’autre, je trouve cela inhumain ! Tout le bagage qu’ils avaient a été détruit pour faire du « wcs ». Quel gâchis !

Alors qu’en fait tu travailles avec la même chose c’est le CORPS. Les élèves ne sont pas bêtes, ils reproduisent ce que tu dis ou ce que tu montres en tant que prof. Si ce qu’ils font ne va pas, c’est la façon dont le prof dit ou fait, qui ne va pas, ce ne sont pas les élèves. Donc mon plus gros travail c’est de choisir les bons mots, de comprendre pourquoi en wcs on donne certaines règles et comment faire pour en supprimer et trouver le moyen de rendre ces règles naturelles et non codifiées. Je veux pouvoir danser avec n’importe qui et surtout avec des débutants.

On te met tellement de pression et de règles quand tu apprends le wcs : « le stretch », « quand on te lance, tu continues jusqu’à ce qu’on t’arrête »…on doit faire tellement de choses. Mais quand est-ce que tu apprends à voir ce que tu fais déjà, à observer et à ressentir vraiment les choses ?

A ressentir l’autre ? Quand est ce qu’on t’apprend à communiquer et à apprendre à écouter (homme ou femme) , à respecter, à oser essayer, à sortir aussi des codes pour des fois mieux les comprendre. C’est pour ça que des fois je dis, que je n’enseigne pas le wcs ; mais je partage sur les manières de faire du lead and follow et même d’ouvrir l’idée qu’on se fait du « lead and follow »!

Browly Adjavon

J’aime à dire que je n’instruits pas en wcs, j’essaye d’éduquer. C’est-à-dire que j’aime à penser que je partage en aidant les personnes à découvrir et à faire ressortir tout le potentiel qu’elles ont déjà en elles! J’essaye de bien faire comprendre qu’il y a des tas de chemins et qu’elles doivent prendre les leurs, à trouver leurs propres chemins et aussi comprendre qu’il y en a plusieurs et qu’il faut donc les respecter aussi pour au final réussir à communiquer ensemble, à danser ensemble. Je le fais entre autres à travers la danse et le wcs ! Bref, c’est la vie !

Mes plus grands profs ce sont les gens avec qui je danse quand je suis en soirée ! Si tu sais danser avec eux, alors qu’ils n’ont pas appris les passes, c’est là que tu commences à comprendre le « lead and follow » et comment pourrait fonctionner le wcs aussi.

Peut-être que le chemin est plus long, mais j’en ai rien à cirer ! Je n’applique plus ce que l’on m’a dit, j’essaie aussi de trouver. La danse c’est le corps, c’est une machine extraordinaire ! Il n’y a pas que la technique, il y a aussi le psychologique, le physiologique et puis la musique aussi ! Et il y a surtout toi et l’autre dans l’instant et avec ce qu’on a là !

En social tu danses souvent jusqu’au bout de la nuit…  Browly « est-ce que je me shoote ? » (rires)

Browly : Je me shoote oui d’une façon particulière ! Je me nourris de la danse. C’est une passion. Chaque danse est un temps, est un cadeau, est un moment unique qui ne se répètera pas… A chaque danse c’est Noël ! J’ai beaucoup de gratitude à pouvoir vivre chacune de ces danses et j’essaye tout le temps d’être dans le présent, avec l’autre et la musique!


Tu as fait pas mal de compétitions, pour quelles raisons ?

Browly : Oui, pour plusieurs raisons. Déjà parce que c’est malheureusement un « diplôme« . C’est perçu comme cela en tous cas !

Mais LA COMPETITION N’A AUCUNE VALEUR ! AUCUNE, AUCUNE, AUCUNE ! (crie-t-il dans le micro) Et elle ne détermine aucunement ton niveau de danse.

Ensuite je faisais des événements et il y avait beaucoup de temps de compet’, donc je les faisais aussi !

Et dernière raison, j’essaie de danser en compétition comme je danse en social. Et j’ai eu de la chance, aussi en étant une preuve qu’on peut aller quelque part dans la compet’ en dansant comme on danse en social et en étant qui on est tout simplement! A la base jack’n’jill c’est justement ça : « tu ne sais pas avec qui tu vas danser et c’est pour se rencontrer, se mélanger » Donc à travers ma danse et ma manière de danser, Ce sont mes propres valeurs que j’essayais de transmettre en profitant de ces moments de compétitions.  je ne danse pas solo..Car pendant ces compet’ les gens te regardent donc c’est l’occasion de passer un message.

Maintenant j’en fais moins car je vais dans des événements où j’enseigne. Mais il faut respecter les compétiteurs, et il faut aussi respecter ceux qui ne font pas de compétition ! Par contre ce ne sont pas les compétiteurs qui doivent faire la loi ! Si ils la font, c’est parce qu’on leur laisse la faire. Si on donne de l’importance aux compétiteurs, ils prennent de l’importance. Mais si tu donnes de l’importance dans le social, c’est le social qui prend le dessus.

Ensuite tu peux être un compétiteur et un danseur social, et puis inversement un danseur social social mais un trou du ***(qui ne serait là en fait que pour se montrer.)  En réalité même là il faudrait respecter cette personne tant qu’elle ne manque pas de respect envers ceux/celles avec qui elle danse ! Cela peut être intéressant de faire de la compétition de temps en temps car tu vois comment tu fonctionnes en mode « survie ». Tu peux regarder tes vidéos, voir comment tu danses…Si tu aimes comment tu danses quand tu te vois en vidéo, alors ne change pas ! Si tu n’aimes pas, pose-toi la question « qu’est-ce que tu n’aimes pas ? », et pas toujours « qu’est-ce que les autres n’aiment pas »?. Ca aide aussi et cela fait progresser !

Je le répète la compétition et les résultats ne donnent en rien ton niveau de danse! Si  vous êtes 10 « blaireaux nuls » et que tu es le moins nul des 10, t’es premier : cela ne veut rien dire. Si vous êtes 10 personnes excellentes et que tu es le dernier de ces 10 personnes, t’es toujours mieux que le premier blaireau qui avait gagné ! Car après tout ce n’est qu’une comparaison des personnes présentes en compét’ et qui sont jugées par des juges ! « Juges », et j’en fais parti parfois aussi, qui jugent ce que tu fais : c’est-à-dire qui donnent une opinion. C’est tout !   Donc cela n’a aucune importance, par contre on peut utiliser la compétition comme un moyen de travail !

Comment penses-tu que le wcs va évoluer ?

Browly : Je pense que c’est assez difficile de répondre. Aucune musique n’a été faite pour une danse. Les danses sont faites pour exprimer une musique. Où va aller le west, c’est déterminer comment la musique va être jouée dans les années à venir ? Une chose est sûr donc, c’est aussi les DJ par les morceaux qu’ils mettent en soirée qui vont participer aussi aux direction dans lesquelles vont le wcs. Ils ont un impact aussi et doivent donc en être conscient.

Qu’est-ce que les gens aiment dans le west ? Souvent c’est la musique ! Ce n’est pas une danse standard, on n’a jamais écrit quels sont les mouvements du west…Il n’existe pas de « pas » bien définis…Il n’y a plus de limite aujourd’hui dans le west et s’il devait y en avoir, ce sont aux gens de les mettre et non pas les champions ! Et qu’est ce qui fait que les gens créés et change ou garde les éléments d’une danse : c’est la musique qui est source d’inspiration et d’expression. Moi je ne fais pas de wcs, j’essaye juste de danser !

Quels sont tes prochains projets ?

Browly : C’est de continuer à faire ce que je fais sans faire de « politique ». Le jour où je dois faire de la politique pour vivre de ce que je fais, j’arrête ! Cela a toujours été ma règle ! Toujours respecter les gens, ne jamais cesser d’apprendre, de rester ouvert et de remettre en question son propre enseignement pour toujours grandir ! C’est un challenge éternel ! C’est la vie !

Browly Adjavon

 

4 commentaires

  1. Browly a su donner une dimension d excellence au west coast ,de par son exigence sa perfection et sa si belle âme ..son respect pour l être humain ,l’épanouissement du corps et la portée des mots qu il metrise à la perfection pour qu il en résulte une merveilleuses osmose de grâce ,de bienveillance et de confiance .
    Merci à toi d être qui tu es
    Merci pour tout cette affection et attention que tu partage avec nous tous .
    Merci pour ton savoir
    Ton savoir faire
    Ton savoir faire faire
    Ton savoir transmettre
    Tu nous apporte tant

  2. Les mots peuvent être doux
    Il n’y a pas besoin d’élever la voix pour se faire entendre ….
    La danse est un partage et peut se partager avec chacun de nous si on sait écouter

  3. Browly is a refreshing soul who connects in a genuine way with everyone he meets. What a gift and to choose to share it with us in this way, is an inspiration.
    Keep being real Browly and thank you

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