Lors de l’évènement Back To Swing, nous avons pu échanger avec Gaëlle Boissat et Vivien Meublat sur leur parcours de danseurs et professeurs de West Coast Swing.
Comment êtes-vous tombés dans le monde de la danse, la danse avant le West Coast Swing ?
Gaëlle : J’ai toujours aimé danser pour moi, en 2009, je finissais mes études, j’avais envie de me lancer dans une activité et j’ai découvert par hasard la country. La country m’a donné quelques petites bases, et puis dans le même club, ils enseignaient aussi le rock et la salsa. J’ai commencé par ces danses de couple. Lors d’une soirée rock, il y avait une initiation West Coast Swing à Annecy et on a fait quelques pas, je n’avais pas vraiment retenu le nom, puis j’ai redemandé et je suis allée voir sur Youtube. Je suis tombée sur une vidéo d’Olivier Massart et Henriette Koefoed, une vidéo de Showcase, et je me suis dit « Ah oui quand même, ce n’est pas très accessible ! ».
Vivien: J’ai fait deux ans de toutes les danses, de 12 à 14 ans. Ma mère faisait de la danse et a été prof une petite année, j’y allais gratuitement (rires) du coup j’ai tout fait, danses de salon, danses latines, rock, rock sauté, des compétitions de rock piétiné et à 14 ans j’ai arrêté, j’ai arrêté tous les sports, je suis tombé dans l’informatique, et suis devenu un Geek (rires). Plus tard en sortant, il y avait des soirées où il y avait du rock et là j’ai vu un couple qui faisait du Boogie et j’ai trouvé ça top parce qu’il y avait de la musicalité !
Je me suis dit » trop bien il y a de l’interprétation, ça tombe sur la musique, c’est cool ! » (rires). J’ai rencontré David, mon meilleur pote qui pratiquait chez Swing Folies et j’avais vu également Marrie Perrin faire une démo dans une boîte et j’avais trouvé ça trop bien ! Du coup j’ai attaqué chez Swing Folies par du Boogie en 2008, j’ai fait des cours compèt’. Pendant le cours compèt’ on regardait des vidéos de Jordan et Tatiana, qui dataient de 2005, on voyait les passes qu’ils faisaient, et on se disait, il faut trop qu’on les fassent en Boogie. Puis quand on voyait les meilleurs mondiaux les faire en Boogie, on se disait, trop tard !
J’ai fait un stage de Boogie à Paris, les « fous du Swing », et il y a eu une initiation West Coast Swing, par Olivier Massart et Mélanie Stocker Bucher.
Ca m’a vraiment plu, de le faire, je trouvais ça super bien, et l’année d’après Marie Perrin a commencé le West Coast Swing, et j’ai démarré avec mon ex pendant 6 mois, ensuite nous nous sommes séparés et j’ai arrêté.
Mon meilleur pote David a demandé à Marie si je pouvais revenir parce que j’avais que 6 mois, et elle a dit oui, et c’est comme ça que j’ai rejoint le cours de Gaëlle, le niveau 2 de West Coast Swing. Ca faisait bizarre pour eux, parce que je suis arrivé au milieu de l’année en niveau 2. Gaëlle attendait son ami qui faisait de la salsa pendant une heure, et on s’est proposé de s’entraîner ensemble pendant cette heure là, parce qu’on avait vraiment envie de progresser. On a continué à discuter, puis on a commencé à se voir…
Puis en 2011 on a fait notre premier West In Lyon. Avec les premières compétitions, Olivier Massart, nous a refusé en Newcomer, car j’avais déjà de la musicalité grâce au Boogie et à la musique que j’ai pu faire, le solfège, le saxo, le synthétiseur !
Gaëlle : Moi j’aurais clairement pu faire Newcomer, parce que l’année dernière il s’est amusé à reposter nos anciennes vidéos…(Rires)
Vivien : Quand je suis devenu AllStars, j’ai voulu montrer, « vous voyez on peut progresser, moi je ne suis pas un génie de la danse », c’est en travaillant et en prenant du plaisir, que l’on peut arriver à ce niveau là.
C’est marrant de voir nos anciennes vidéos et surtout ça fait plaisir parce que l’on voit que l’on a vraiment progressé !
Gaëlle : Moi je n’étais pas du tout compétitions, et c’est Vivien qui m’a poussé à m’inscrire !
Qu’est-ce qui vous a passionné dans le West Coast Swing au point d’arrêter complètement les autres danses ?
Gaëlle : La pluralité de musiques, sur lesquelles on peut danser, c’est ça qui m’a un peu désintéressé des autres danses. La salsa, je trouvais que c’était toujours les mêmes rythmes et le rock toujours les mêmes chansons, à part Zaz qui a commencé à faire des choses différentes…
Vivien : J’ai arrêté le Boogie, parce qu’on arrêtait pas de me dire que j’étais trop bas en West Coast Swing, trop fléchi, trop posture de Boogie et je me suis rendu compte que mentalement je n’allais pas pouvoir faire les deux.
Je devais arrêter le Boogie pour progresser en West Coast Swing, avoir la bonne posture, mon corps ne pouvait pas apprendre trop de choses en même temps. Et puis en Boogie quand on fait des compétitions, ce sont toujours les mêmes musiques, toujours les mêmes cd, il y a 7 cd officiels de compétitions et les Boogieman connaissent toutes les chansons par coeur. La seule chose, c’est qu’ils préparent leurs passes et ils les font au bon moment, mais tout le monde connaît toutes les musiques, ce sont tout le temps les mêmes. En WCS, deux musiques différentes avec la même partenaire, ce sont deux danses totalement différentes. C’est cette richesse et cette pluralité. A la base je dansais tout seul en boîte sur des musiques électro, j’ai toujours aimé ça la techno. On peut trouver tellement de choses dans le wcs, de la voix, de l’acoustique, un petit peu d’électro…
Nous avons parlé de compétitions, quels conseils donneriez-vous à des novices concernant les principaux défauts à gommer en compétition ?
Vivien : J’en ai un pour danseurs, un pour les danseuses.
En novice, les danseurs c’est être sur le temps, on leur demande principalement ça. Il y a beaucoup de trop de danseurs qui ne sont pas sur le timing, c’est normal, ça prend du temps de percevoir tout ça, parce qu’on pense à plein d’autres choses. Mais on a tendance, et pendant des années, même après en inter, d’être un petit peu en avance sur le temps. Prendre le temps de bien démarrer dans le temps et d’être détendu. A Riga on a eu un danseur Novice à juger, le modèle parfait, il était dans l’attente, il ne faisait pas des passe de fou, du coup il a gagné, les juges, je suis trop content, ils ont trop bien jugés, il était vraiment super détendu, des passes simples, tout dans le timing avec une belle connexion c’était magnifique à voir. Voilà pour les danseurs : le timing, comme ça plus tard, ça reste…
Gaëlle : et simplicité aussi.
Vivien : Pour les danseuses, prendre son temps, et enlever tout le bagage que l’on peut avoir des autres danses, du rock. En rock, on anticipe un petit peu des fois pour ne pas avoir mal au bras. En West Coast Swing c’est l’attente, et prendre son temps d’aller dans la hanche, dans le stretch, et d’être légèrement en retard par rapport au danseur. En compétitions, les danseuses on leur demande un petit peu plus qu’aux danseurs, commencer à développer quelques petites variations sympathiques mais de temps en temps, qu’elles fassent bien leurs bases quand même.
Et en intermédiaire ?
Gaëlle : Justement je viens d’en sortir, c’était un long périple ! (rires)
Vivien : Gaëlle a un parcours particulier, elle a fait 13 finales en intermédiaire, avec à chaque fois un point. Et du coup c’est long avec le nombre d’évènements que l’on fait. Mais elle a persévéré.
Gaëlle : Après ça dépend de chacun, il y en a qui vont vouloir arriver vite au sommet et donc qui vont se donner beaucoup de moyens. Il y en a qui ont un bagage d’autres danses, qui leur permet de progresser plus vite. Personnellement c’est, de ne pas avoir perdu la foi, en même temps c’était encourageant de se retrouver en finale à chaque fois.
Vivien : Elle faisait tout le temps des finales mais ça ne « matchait » jamais avec le danseur de finale.
Du coup tu as perdu confiance ?
Gaëlle : Il y a des moments ou j’ai perdu confiance, mais le fait de pouvoir s’entraîner avec l’équipe de compèt’, ça a bien aidé.
Vivien : Relativiser, aussi même si ça ne « matchait » pas avec le danseur, si tu es vraiment forte, tu vas réussir à transcender la danse, et peut-être que vous ne gagnerez pas, mais tu feras un top. Si vraiment tu es présente dans la danse, en prenant de la place, en faisant de l’interprétation musicale, tout en partageant avec le danseur.
Gaëlle : Ca aide vraiment de danser avec des danseurs de tous niveaux, en inter on peut aussi tomber sur des inter qui ont un niveau plus bas que nous, et il faut quand même arriver à s’en sortir dans la danse. Il faut continuer à danser en social avec tous les niveaux, parce que l’on apprend à chaque fois à être plus assuré dans sa danse.
Vivien : Pour répondre à la question pour les inter : pour les danseurs, le timing y penser toujours, améliorer leur connexion pour être clair et présent pour ma danseuse, pour qu’elle puisse développer ses variations. Se concentrer pour être bien techniquement avec la danseuse, la musicalité c’est un plus. C’est un plus à tout niveau. On a beau dire que ce sont les AllStars qui font de la musicalité, personnellement j’avais de la chance par rapport à mon background, d’avoir de la musicalité et je ne m’en privais pas d’en faire en novice, ni en inter. Il n’y a aucune raison de se priver de faire de la musicalité, de faire des accents, si on les sent, si on a envie de les faire, il faut les faire, mais bien : pas au détriment de la danse ni de la danseuse. Il faut penser à la danseuse. Parce que les danseurs qui sont propres, bien posés, ils vont aller en finale. En finale si ils sont bien avec leur danseuse, ils vont faire quelque-chose. Il ne faut pas avoir envie de faire trop de choses qui pètent qui sont explosives.
Pour les danseuses : c’est encore plus dur, les danseuses, elles ont déjà travaillé les variations, donc en inter, il y en a plein des danseuses qui ont des variations et en fait les danseuses qui commencent à passer ce sont celles qui ont augmenté leur contrôle. Qui sont capables de tout gérer, dans la gestion d’elle-même, pas de perte d’équilibre, que tout soit contrôlé, maîtrisé, et qu’elles puissent commencer à faire un peu de contraste.
Quelle est votre musique du moment ou une sur laquelle vous vous êtes transcendés récemment en dansant ?
Vivien : Nightcall de London Grammar, on voulait la faire en démo des pro au Back To Swing, mais il fallait quelque chose d’énergique. Il est vrai que nous sommes plus passionnés par les musiques intenses et plutôt lentes. Celle-ci elle est intense, elle est puissante, c’est un kiff total.
Du coup, votre univers musical pour danser se situe autour de musiques lentes et puissantes ?
Vivien : Oui on est plutôt musiques lentes, mais moi j’appelle ça des lentes/rapides parce c’est tellement lent que tu peux « switcher » de rythme et basculer du lent au rapide pendant toute la chanson. Tu peux accélérer, ralentir et c’est vraiment agréable de pouvoir faire varier les énergies comme ça. Après ce n’est pas évident à danser, on n’est pas toujours parfait, mais de l’intérieur c’est trop bien.
Gaëlle : J’ai toujours aimé danser sur de l’acoustique…
Si vous deviez définir des influences de style pour votre danse vous diriez que votre univers est plutôt quoi ?
Gaëlle : Je me sens vraiment bien, même si cela ne se voit pas forcément encore dans ma danse, dans l’univers zouk. C’est ce qui m’a provoqué certains déclics. Ca fait 3-4 ans que j’ai envie de faire du lambazouk, pour agrémenter mon wcs !
Vivien : C’est compliqué pour moi, d’avoir une inspiration des autres danses, je fais un petit peu de zouk parfois parce que j’en avais fait, mais léger. Pour moi le West Coast Swing (même si c’est sympa quand on a un background d’autres danses, d’essayer d’en mettre dedans), je pense que c’est vraiment les musiques qui me guident, si il y a un peu de hip-hop, je vais essayer d’en mettre dedans, même si je n’ai jamais fait de hip-hop de ma vie, mais à force de voir des danseurs qui font des choses de hip-hop, tu chopes certaines choses. Finalement, c’est le west coast qui m’a appris ça, je ne l’ai pas appris dans des cours de hip-hop. Après j’aimerais bien faire des cours de danse solo, parce que je n’ai fait que des danses de couples.
Quels sont les danseurs qui vous influencent ?
Gaëlle : Maxence Martin et Virginie Grondin. Diego et Jessica Pacheco.
Gaëlle : Le push de sa vie ! (rires)
Vivien : J’ai adoré, on a fait un stage avec eux, j’ai demandé à passer avec lui, faire ce push et vraiment j’ai senti un univers entre nous, tellement c’est présent tout en étant détendu, relax. C’est quelque chose que je ne sais pas encore faire comme lui. C’est royal, c’est le côté cosy, toutes les danseuses, sont fan de danser avec Maxence, elles se sentent princesses, je veux être comme ça, mais à ma façon.
Qu’est ce que la danse vous a apporté à titre personnel ?
Gaëlle : La confiance en soi et le rapport au regard des autres.
Quels sont vos prochains challenges/projets ?
Vivien : On a beaucoup de challenges cette année !
Gaëlle : La reprise du cours compétitions de Marie !
Vivien : Jusqu’à présent on était élèves de Marie, mais elle doit s’écarter des évènements. Elle est très exigeante, c’est une technicienne, elle sait qu’il faut rester dans le mouvement de l’évolution de la danse, elle peut moins l’être cette année, donc elle nous a proposé de reprendre le cours compétition. Le cours où on était élèves, donc on va avoir des amis, avec qui ça fait des années que l’on danse, et des nouveaux aussi ! C’est un beau challenge, car ce n’est pas la même chose que de donner des cours niveau 1, niveau 2, ni niveau 3, niveau 4. Il va falloir trouver plein d’aspects pédagogiques, les passages, on a l’habitude, en plus moi j’ai fait une formation de juge, donc on a l’oeil critique. Mais on a des amis ou des élèves qui ont un peu de mal à vouloir refaire de la technique, ça fait des années qu’ils font du West Coast Swing, et en fait tout le monde a besoin d’améliorer sa technique pour pouvoir passer en compétition. En tous cas, moi, c’est ce que j’ai envie de voir chez les danseurs, il faut trouver des moyens pédagogiques et fun pour les amener à faire ça. Ca, c’est notre gros challenge de l’année !