C’est dans une salle du Volcano Swing que nous avons pu échanger avec Mélanie Stocker Bucher, une des pionnières du west coast swing en Europe. Rencontre avec cette danseuse et pédagogue hors du commun…

Comment es-tu tombée dans le monde de la danse ?

Mélanie : « J’ai toujours voulu danser depuis que je suis petite. Mes voisins avaient des cassettes d’Elvis Presley. Les autres enfants allaient jouer le mercredi après-midi et moi j’allais écouter de la musique chez mes voisins. J’ai toujours voulu danser le rock’n’roll ! Mais il n’y avait pas de cours pour les enfants donc ce n’était pas possible d’apprendre…Un jour, mon père a eu un accident de voiture avec un prof de danse, et c’était de la faute du prof. Mon père a saisi l’opportunité et lui a dit : on ne prévient pas la police si vous prenez ma fille dans l’école pour apprendre la danse ! J’avais 12 ans et les autres élèves du cours avaient 18 ans environ. A cause de l’écart d’âge, les autres ne voulaient pas trop danser avec moi. Alors j’ai proposé à une copine de venir chez moi et je lui guidais les pas de danse !

Mais je n’ai pas abandonné, j’ai fait du rock acrobatique, j’ai eu différents partenaires et je m’entrainais vraiment tous les jours, tous les jours…J’ai progressé, puis j’ai fais du boogie et avec mon partenaire nous avons été champions du monde en groupe et en solo. »

Comment as-tu découvert le wcs ?

Mélanie : « Une fois j’ai vu une vidéo de wcs, mais tout le monde disait : ce n’est pas intéressant, ce sont des vieux mecs avec des jeunes filles en jupes courtes ! Qu’est-ce qu’ils font ? Ils tournent ! Ils ne font rien d’autre !

Mais moi j’aimais bien. Je suis allée aux USA pour l’apprendre ! J’ai fais la connaissance de Budy Schwimmer en Norvège, j’ai pris l’avion et une chambre dans un motel près de son école toute seule et j’ai appris. Puis je suis revenue en Europe, j’enseignais seule les pas du leader et follower. C’est difficile de faire découvrir une danse quand les gens ne peuvent pas voir ce que cela donne en couple ! Puis dans certains évènements de danse, j’ai proposé des Tester Class pour montrer ce qu’était le wcs, et beaucoup de danseurs ont fait leurs premiers pas à ce moment là !

Cela a pris 10 ans jusqu’à ce que le wcs se développe vraiment. Jordan & Tatiana sont venus en 2003 en Suisse, cela a attiré beaucoup de personnes et a lancé le wcs.

J’ai eu des étudiants en Boogie au cours de ma carrière, par exemple Olivier Massart, et il a appris le wcs avec moi.

Nous étions un des premiers couples européens je pense à Sacramento aux USA, on était les expatriés ! Olivier était champion du monde de Boogie Junior et moi en Main Class, on a fait la compétition en wcs novice. On s’est dit soit les juges n’aiment pas car c’est du Boogie lent, pas du wcs, soit on gagne car on a une bonne musicalité ! C’était notre première compétition et on a gagné !

Après j’ai enseigné avec Olivier, avec Maxence Martin

 

Tu as continué les autres danses, mais qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans le wcs ?

Mélanie : « Ce que j’aime c’est que si tu connais les 5 bases, tous les niveaux peuvent danser ensemble. Ce n’est pas le cas pour toutes les danses. Aussi moi j’aime bien la musicalité, mais je ne suis pas trop physique, donc en wcs j’ai le temps de faire mes mouvements ! »

Quels sont les types de danseurs qui t’inspirent ?

Mélanie : « Tu sais, tu as l’apparence de la danse extérieure et ce que tu ressens à l’intérieur en la vivant. Moi je ne suis pas vraiment une danseuse wcs faite « pour regarder »… On dit « feels good, looks good ». Moi je ne suis pas « looks good », je suis « feels goods ». Pour moi ce qui compte c’est ce que l’on ressent, et ça les autres ne peuvent pas le voir. Quand je danse j’ai une idée (un mouvement, un ressenti) et le danseur a une idée aussi de son côté : alors on essaie ensemble de co-construire la danse (de s’écouter). Que le danseur ait un niveau plus bas ou plus haut que moi n’a pas d’importance, c’est l’échange qui compte. »

Tu es professeur de danse depuis de nombreuses années, qu’est-ce qu’il te plait dans l’enseignement ?

Mélanie : « Le moment où je suis passée de danseuse à prof, c’était dur. Il faut penser « prof ». Quand j’étais danseuse je ne m’arrêtais pas de danser, de 8h à 2h du matin j’étais sur la piste ! Aujourd’hui c’est l’opposé : je ne danse plus beaucoup mais j’adore regarder les danseurs, quand je vois les progrès, comment les gens évoluent. Je suis aussi entraineur mental et de voir les progrès, de voir les gens contents, de voir les gens gagner des compétitions, c’est le plus important. Cela ne me gêne pas du tout de commencer l’enseignement avec des débutants et de répéter 10 fois la même chose ! »

mélanie stocker teaching

Tu as aussi d’autres passions…le coaching, les chiens 🙂 ! Tu veux nous en parler un peu (rires) ?

Mélanie (rires) : « Le monde de la danse est un peu fermé. Si tu es trop dedans, tu perds le contact avec le monde extérieur…Tu dois aussi être ouvert pour le reste, donc je fais d’autres activités à côté. Je suis masseuse, j’ai fais une formation pour être coach pour les sports professionnels, entraineur mental et maintenant je fais aussi dogsitter avec les chiens. Je fais 10 km tous les jours avec eux. Je travaille aussi pour une entreprise pour des grands costumes (de type Queen Elisabeth…) et ce qui est important c’est de faire connaissance avec des gens différents. »

Est-ce que tu veux partager un message particulier avec les danseurs de la communauté ?

Mélanie : « Le wcs est une danse jolie qui évolue toujours avec la musique actuelle. En Europe pour moi, les gens suivent une personne, et se mettent dans un tunnel en pensant que seulement son enseignement est vrai.

Souvent quand je demande aux danseurs pourquoi ils dansent le wcs, ils me répondent parce que c’est cool, et qu’ils peuvent danser sur tous les types de musique. Cependant je trouve qu’il faut différencier la technique et le style. Parfois les gens ne comprennent pas que ce qu’ils ont appris c’est du style et pas de la technique. Et certains danseurs font des remarques à leurs partenaires en soirée en leur donnant des cours sur la façon de faire un triple pas ou autre figure.

En Allemagne, des règles ont été écrites à ce propos : « Si tu veux enseigner, fixe une date, prend l’argent et enseigne, mais ne me dis rien pendant la soirée ». A l’heure actuelle de nombreux danseurs qui prennent un cours particulier avec tel ou tel Allstar pensent qu’ils peuvent expliquer aux autres. Cela donne une énergie qui n’est pas très positive en soirée et crée une image négative des westies dans le monde de la danse. Je pense qu’il faut être plus relax en soirée, et si l’autre ne sait pas faire, guide bien et tout ira bien ! »

 

Un commentaire

  1. C’est convainquant.
    Et çà donne envie.
    C’est vrai qu’on peut danser le wcs sur de nombreux rythmes mais peu
    ces rythmes sont joues en soirées non spécifiques.
    Ceci limite grandement la diffusion de ce style, qui reste encore trop confidentiel en France.
    PhD

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